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Hadopi : Les Réunionnais mécontents mais pas inquiets

DOMTOM-ADSL.COM | 14/05/09 10:03
La loi contre le téléchargement illégal a été définitivement adoptée hier. Désormais, l’administration aura le droit de suspendre un abonnement à Internet en cas de téléchargement illégal avéré. Si du côté des professionnels, la mesure ne fait pas l’unani

Après des mois de tractations et de débats houleux, la loi sur le téléchargement illégal a été adoptée hier par le gouvernement. Cette loi, qui est un peu l’aboutissement de plusieurs années de guerre contre le piratage d’œuvres protégées consiste, dans ses grandes lignes, à mettre en place une nouvelle autorité administrative. Baptisée Hadopi (Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des Droits sur Internet) celle-ci aura pour lourde tâche de surveiller, avec l’aide des fournisseurs d’accès, le trafic sur le réseau Internet. Si l’Hadopi constate qu’un Internaute s’amuse à télécharger du contenu protégé, elle devra adresser un premier mail d’avertissement au pirate. En cas de récidive, c’est un courrier recommandé qui arrivera dans la boîte aux lettres de l’indélicat. Et si ce dernier persiste à télécharger du contenu protégé, la sanction sera immédiate : son accès à internet sera suspendu. Et pour que la leçon soit retenue, l’internaute prit la main dans le sac devra continuer à payer son abonnement. À travers cette loi, le gouvernement entend “protéger le contenu protégé et développé l’offre l’égale de téléchargement”... tout un programme.

“Il existe déjà des moyens techniques pour contourner la loi” Car les offres légales sont déjà une réalité pour certains Réunionnais. Thomas par exemple, n’hésite pas à acheter régulièrement des œuvres audiovisuelles sur le net. “Je télécharge régulièrement des morceaux sur iTunes. Non seulement le catalogue est très fourni mais cette méthode me permet de faire des économies. Pour 9,99 euros je peux avoir un album complet, là où j’aurai dû débourser entre 15 et 20 euros dans le commerce”, se félicite-t-il. Comme lui, environ 35 % des internautes réunionnais s’adonneraient régulièrement à du téléchargement. Et ce chiffre serait en constante progression. Mais si les réunionnais sont nombreux à télécharger, tous ne le font pas de façon légale. Audrey avoue ainsi avoir tenté l’expérience mais a rapidement laissé tomber. “J’ai essayé de télécharger de la musique sur un site de vente en ligne. Mais au moment de transférer les morceaux sur mon baladeur j’ai constaté que la lecture des fichiers était impossible. J’avais payé pour rien. Du coup je suis revenue à la méthode illégale”, raconte-t-elle. “Mais je ne le fais pas souvent”, se défend-t-elle. Ce n’est pas le cas de Didier (prénom d’emprunt). Très calé en informatique, celui-ci admet télécharger “jusqu’à plusieurs giga-octets de données” par mois. Pour se faire une idée, 1 Giga octets c’est environ 4 épisodes d’une série ou 200 fichiers musicaux. Une occupation qui lui a déjà valu un avertissement mais qu’importe, pour Didier internet reste avant tout un espace de liberté. “Je cherche en priorité des émissions de télé. Ce n’est pas que ça m’enchante mais je paie déjà une redevance audiovisuelle, autant que ça serve”, explique-t-il avant de préciser “une fois le visionnement terminé, j’efface instantanément les fichiers”. Et lorsqu’on lui demande si l’arrivée prochaine de la loi sur le téléchargement illégal aura une incidence sur ses habitudes, Didier est catégorique. “Je suis d’accord pour acheter de temps en temps mais tant que le prix des solutions légales ne baisseront pas, je continuerai à télécharger. D’autant que des mesures techniques pour contourner le flicage de l’Hadopi existent déjà. L’utilisation du réseau Bittorent par exemple, rend particulièrement difficile le contrôle du réseau. Des outils comme Torpak permettent eux aussi d’éviter de se faire repérer.” Bref, à l’écouter le téléchargement illégal a encore de beaux jours devant lui. Le gouvernement aurait-il fait un mauvais calcul avec l’Hadopi ?

C’est un peu le sentiment général. Outre les forums qui grouillent de messages d’incompréhension, de colère, voire d’insultes à l’encontre du projet certains professionnels émettent eux aussi de sérieux doutes sur le texte adopté hier. “L’objectif poursuivit par la loi Hadopi est louable. Car il plus que jamais urgent de trouver un moyen de protéger les artistes. Mais la vraie question est de savoir la solution préconisée par le gouvernement sera efficace”, s’interroge Alain Courbis, le président du Pôle régional de musique actuel de la Réunion (PRMA). Une question à laquelle David Mignot n’hésite pas à répondre par un “non” franc et sincère. Pour le directeur d’Outre-mer Telecom pour la zone Océan Indien la réponse apportée par le gouvernement n’est clairement pas la bonne. “Pour paraphraser un économiste célèbre, c’est comme si les vendeurs de bougies voulaient faire passer une loi pour interdire au soleil de briller,” ironise le patron d’Outremer Télécom. “Protéger les intérêts des auteurs, tout le monde est pour. Mais il faut voir les bénéfices et les inconvénients de cette loi. Parmi les inconvénients, il y a le coût de la mesure, à la fois pour l’Internaute, qui devra continuer à payer son abonnement que pour les fournisseurs d’accès à Internet qui devront mettre en place des outils nécessaires à la surveillance de leurs réseaux. Un L’investissement devrait se chiffrer à plusieurs centaines de milliers d’euros”, déplore David Mignot. Et même si Outremer Telecom dispose déjà d’un catalogue d’offre légal de près de 1 500 titres, David Mignot estime qu’il faut malgré tout trouver des alternatives. “Des solutions comme Deezer, prouve que d’autres solutions existent. Ces solutions vont d’ailleurs fleurir dans les années à venir. À l’état de s’adapter”, indique le patron d’Outre-mer. Mais on sait déjà que la technologie évolue plus vite que les lois...
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Source : Clicanoo